Le cerveau s’en souvient !

Vous vous rappelez de votre entretien d’embauche pour votre travail actuel ? Ou de la naissance de vos enfants ? Ou ce que vous faisiez le 11 septembre 2001 quand vous avez appris la nouvelle des attaques terroristes sur les tours du World Trade Center ?

Se souvenir des événements de vie (que cela soit quelque chose d’énorme ou ce que vous avez fait le weekend dernier) permet un sentiment de continuité et de cohérence participant à la construction du récit de vie individuel. Les bons souvenirs qui procurent un sentiment agréable, on les aime bien. On aime moins les « mauvais souvenirs ». Mais saviez-vous qu’il est possible de les retraiter ?

Pour traiter de nouveau un souvenir désagréable, on a besoin de comprendre comment le cerveau traite les informations qu’il reçoit.  Plusieurs étapes, qui se succèdent très rapidement, sont nécessaires pour stocker convenablement un événement comme souvenir.  C’est un peu comme une petite entreprise bien huilée :

  • Tout au long de votre journée, le thalamus reçoit des informations sensorielles de l’extérieur (tout ce que vous observez autour de vous, des bruits et des odeurs, le temps qu’il fait…).  

  • Il les envoie à son collègue (l’amygdale) pour être scanné.  Si l’amygdale détecte un danger (physique ou psychique), il va alerter son chef (l’hypothalamus) pour qu’on envoie du renfort sous la forme d’adrénaline et du cortisol, faisant accélérer le rythme cardiaque, ainsi préparant à l’action ou à la fuite.

  • S’il n’y a pas de danger, l’amygdale contacte le serveur (l’hippocampe) pour voir s’il existe déjà dans le système un souvenir similaire, qui pourrait indiquer comment agir.  

(NB : lors d’un événement traumatique, c’est à ce stade que le système bogue : ne trouvant aucune représentation existante, il tourne en rond.  Il finit par surchauffer et disjoncter.  Le traitement s’arrête ici, et le vécu reste en suspens, créant « la mémoire traumatique » ne pouvant être classée.)

  • Après l’événement, un compte rendu sera rédigé à partir du vécu.  Le cortex cérébral se charge d’analyser l’événement et de mettre des mots sur ce qui s’est passé.

  • Il envoie son compte rendu à hippocampe qui le classe convenablement dans le système comme « expérience passée ». 

Ainsi, si je vis une nouvelle situation qui réveille un bon souvenir - type « madeleine de Proust » -, le serveur retrouve dans son système quelque chose d’agréable.  Il va donc donner son feu vert pour la nouvelle situation : pas de danger, amuse-toi, mange le gâteau délicieux.

Mais si je vis une nouvelle situation qui rappelle une mauvaise expérience,  mon cerveau va se mettre en alerte, les émotions désagréables de la première expérience vont être réactivées et je vais avoir l’impression de revivre la même chose. C’est ce mécanisme qui fait qu’on reproduit des situations ou comportements familiers, même s’ils ne sont pas les plus aidants ou adaptés.

Heureusement, il existe aujourd’hui des techniques pour traiter de nouveau des événements douloureux ou traumatiques pour enfin les stocker convenablement, donnant un sentiment de libération et de paix.

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